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nausée

Retour de Berlin ce matin.
Nicu, 60 ans, roumain qui vit assis sur le trottoir de cette rue depuis plus de deux ans (assez « aidé » par les passants du coin) traverse pour me parler, en larmes. il a reçu son arrêté d’expulsion pour dans un mois. il est en pleine panique. s’est fait arrêter dans la rue avec sa femme. vient d’une région très pauvre en Roumanie où il ne peut pas survivre, sans même parler des persécutions dont il fait l’objet. Il me parle d’une dame du quartier, qui a commencé pour lui, la veille, les démarches pour le tribunal administratif, mais elle ne parle pas roumain et ils ne se comprennent pas. dans l’après-midi, nous nous retrouvons tous ensemble sur le trottoir à côté de nicu, à essayer de voir tous les papiers à photocopier. Demain j’irai avec lui au tribunal administratif, première étape pour essayer de ralentir l’expulsion. il est terrorisé. quand il a voulu aller photocopier ses papiers, des flics étaient dans la boutique, il a renoncé.
pendant que nous parlons avec nicu, très ému, une sorte de vieille chiennasse s’arrête à notre hauteur. « et vous, vous les aidez en plus!  » et elle nous fait un genre de florilège de ces phrases qu’en vérité je n’entends jamais. qu’ils n’ont qu’à rentrer chez eux, qu’elle a travaillé toute sa vie, que c’est normal. je termine, normale aussi par lui dire que la racaille, moi j’en suis et qu’elle foute le camp parce que l’énervement n’est pas loin.
dans la soirée, une amie m’appelle, elle a donné mon numéro à quelqu’un qui s' »occupe » d’un groupe de roms à Montreuil, la situation est catastrophique, est ce que je voudrais bien traduire.

la très gentille personne qui aide Nicu a cette phrase: » jusqu’à aujourd’hui, je ne connaissais personne dans ce cas-là. lui, dimanche il pleurait; il a soixante ans, je ne peux pas le laisser comme ça ».

je me dis que je n’aime pas du tout faire de raccourcis politiques trop faciles. mais.
mais il se passe des choses dans ce pays, qui justement passent, auxquelles on permet de passer.
on y assiste. Et il ne faudrait pas oublier qu’en français, assister c’est aussi aider à.
ce que les choses se passent.
il est temps de passer de la nausée au vomissement.

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