Oui,parce que c’est ma seule excuse de ne pas avoir écrit ici, c’est que j’étais enfermée en Camargue pour écrire (mon deuxième roman).
Ca s’appelle une résidence en langage d’éditeur.
En vérité, on te donne un studio en pleine campagne (quand je dis dans la campagne, j’insinue qu’il n’y a pas de cafés à moins de 8 km), du vide, beaucoup de moustiques (énormément) avec un répulsif zone tropicale à te vaporiser partout si jamais tu oses sortir entre deux chapitres, ce que d’ailleurs tu ne fais plus au bout de quelques jours.
Quand tu ne sais plus comment écrire « alors » (ça prend un s?) c’est que tu as exagéré, trop écrire c’est comme ça, tu peux te permettre de sortir, et d’aller parler aux trois chevaux qui sont devant la maison. Ils sont assez méprisants mais mangent les carottes qu’on leur donne quand même.
un copain passe me voir le dernier jour. Il voit la maison au milieu des vignes et des chevaux, donc. Le studio avec la petite cuisine, mes cahiers et mon ordinateur. il me regarde et dit: » ahhhhhh..comment tu fais pour faire ça? tu ne parles à personne ? »
Je lui explique que certaines lignes, certains mots resteront forcément bien planqués au fond de ma tête si je ne les rassure pas, avec la preuve de ce silence solitaire, si je ne les assure pas qu’ils pourront prendre une place immense.
certains soirs je reste totalement planquée,je ne sors même pas « prendre l’air ». je regarde le ciel par ma fenêtre, un ciel d’un beau bleu statique. J’aime précisément ne pas sortir, regarder par la fenêtre comme c’est beau, comme c’est doux et ça ne va pas durer, et justement, moi je fais durer.
Rester derrière mon ciel en sachant qu’il est là, que je peux à tout moment sortir et m’en sentir recouverte. Tant que je ne sors pas vérifier si ce ciel est vraiment aussi bien que ça, tout est encore possible, comme un plaisir qu’on fait attendre.
Je laisse les journées rendre les personnes (d)écrites (je n’aime pas trop dire les personnages, je n’aime d’ailleurs pas les personnages. ) plus bruyantes, je cherche leur odeur pour mieux les aimer.
Certains jours, ces personnes ne veulent pas être d(écrites), c’est l’impression que ça donne, et elles me laissent vraiment seule face à l’ordinateur, tristement colérique.
et puis c’est un retour comme une réconciliation et il faut y aller tout doucement, et j’oublie que j’écris, mes mots vivent à leur place.
Alors
un énorme merci à Marion Mazauric, Florent, Laura, Mandy et Charles tous des éditions « Au diable vauvert » pour m’avoir offert ce « refuge ».
lola
2 Comments