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Les Morts (les vrais)

Sortie de l’isolement camarguais, je vis de la même façon chez moi.
Le roman avance bien,en tous cas je sens son odeur, son ambiance sans faire d’efforts maintenant.

Je me souviens de la sortie d' »une fièvre impossible à négocier », de l’étrangeté d’être lue, c’était comme un apaisement (très momentané ) mais aussi du sentiment de dégoût très désagréable qui l’a accompagnée.
Parce qu’à côté de l’enthousiasme des critiques, des lettres les lettres des lecteurs (trices), il y avait évidemment la haine que j’ai provoquée, ou plutôt, la haine que provoque la moindre tête qui se détache d’un tout.
Curieusement, les lettres manuscrites que je recevais étaient toutes belles, fragilement attentives à bien me DIRE des choses qu’on ne dit pas.
Mais les blogs m’ont fait découvrir à ce moment là un truc étrange…cette culture d’une haine masquée dans les pauvres mots souvent un peu pathétiques des « bloggeurs », avec les pseudo aux pauvres références dérisoires, et l’anonymat des petits corbeaux branchouillés. Ce déferlement aigri, comme des diarrhées honteuses qu’on cache à une fille (un garçon) qu’on a invité pour la nuit.
Et ils grattent avec leurs petits ongles sur les GRANANANDES fenêtres d’un monde « branché « , ils gémissent, voudraient en être, absolument,et en même temps ne supportent pas de le vouloir,et être invité aux cocktails, et être dans Teknikart, et les avoir, les deux attachées de presse.
Ecrire? Ca, c’est rarement mentionné…

Puis, hier après midi je suis allée voir mon père au Père Lachaise.
Mon père était un « spécialiste » de Diderot. Il a vécu toute sa vie au 18ème siècle, élastiquement vivant, et son cerveau avait une fonction formidable: il ne retenait rien en dessous d’un certain niveau d’exigence intellectuelle.
Mais vraiment, je crois qu’il ne faisait même pas exprès, il arrivait que je lui explique des choses absurdes sur ce qui existait dans les années 2000, il faisait « oui oui,  » je voyais bien qu’il essayait de visualiser ces choses, téléréalité, branchés, presse, blogs, puis quand il m’en reparlait, ses mots partaient dans tous les sens, il disait TF3, glogues, et Patrick Moix c’est qui?

Alors, à certains moments je préfère avoir un pied dans la tombe, ce n’est pas si mal que ça, parce que les Morts (les vrais) etc, sont sur internet et leur corps tarde vraiment à pourrir.

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