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NOUS SOMMES LES OISEAUX DE LA TEMPETE QUI S’ANNONCE. Lettre de la Petite Fille au Bout du Chemin à Voltairine.

« Vomir ce qui me traverse comme proposition d’existence. Rubrique amour. Rubrique travail. Rubrique loisirs. Quand je les remets en cause, on m’enjoint de consulter. On me met sous Notice. On me parle constamment de « la vie ». Je ne reconnais rien qui me tienne au corps dans leur définition de « la vie ». J’en conclus que je ne vis pas dans la vie.

Je commence à comprendre que je suis exilée de mon sexe. Exilée volontaire. En lutte armée, en résistance. Contre celle que j’aurais dû être. La vraie vie que j’aurais dû mener, celle des ongles ronds et clairs, des cuisines équipées, des ventres tendus prêts à êtres vidés, des sexes moites juste ce qu’il faut, prêt à être écartés, des cuillères en bois qui sèchent soigneusement dans le bac à vaisselle, des cheveux lissés de silicone. Des rires habiles et des regards charmants. Des débuts de semaine over-bookés quel stress je n’arrête pas de courir. Du souci de l’haleine et du fond de culotte comment garder vos dessous bien BLANCS. Des cordes vocales domptées à reculons depuis l’adolescence, repris un par un, les éclats de voix et les sautes de volume, quelle vulgarité ! On dirait un bulldozer, tu es si …brutale me dit-on. Exilée de ce désir (empalé en nous) d’être achetées, qui va si bien avec se vexer de ne pas être achetée (il ne m’a pas rappelée !!!). « Je ne veux pas me joindre au troupeau, je ne veux pas me perdre, je ne veux pas m’oublier, je ne veux pas être leur carpette. Je m’aime jeune fille. Je veux être une tombe surplombant la mer. Une vierge d’ébène en moi veille. Je veux être honnête avec elle » dit Violette L.

Comme j’ai peur, Voltairine, de me faire reprendre, qu’on le saisisse, ce désir non prémédité de fausser compagnie à mon destin biologique… »

lola

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