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Le Monde sommeille par imprudence

Je me suis absentée de ce blog et pourtant je passe ma vie devant cet ordi. Mais, à chaque fois que j’allais faire un post ici, je me rappelais qu’écrire qu’on écrit qu’on corrige qu’on relit qu’on réécrit n’a sans doute pas trop d’intérêt.

Je ne sais pas si ça serait décevant, ou juste terriblement ennuyeux de dire ici la somme des jours consacrés à l’écriture.
décrire le côté laborieux, les dizaines de réécritures. Les heures à essayer la place « juste » d’un moment du récit. Les relectures incessantes. Les hésitations entre deux mots. Les désespoirs absurdes devant ce qui échappe, un jour où on ne parvient pas à harponner la sensation qu’on a, pourtant, quelque part dans le corps.
Les montées d’angoisse, la colère de se heurter à sa propre fatigue, en fin de journée. La peur, aussi, ces jours ci, de « revenir » dans ce qu’on appelle la vraie vie, après presqu’une année à crawler dans les mots.

Aujourd’hui encore, comme toute la semaine, je relis pour la dernière fois, avant que ce roman ne parte en fabrication. Je retarde sans doute le moment de la Fin.

Il y a une dizaine de jours, j’ai enfin compris le sens de l’expression: « se rendre malade ». A plus de 8 heures de suite d’écriture, chaque jour, depuis Novembre, c’est ce qui s’est passé.J’étais, en plus, devenue parfaitement stupide, ne comprenant plus un seul mot de ce que je relisais.
C’était presque comme si je ne l’avais pas écrit.

J’ai un peu de peine à l’idée de cet abandon, lâcher les « personnages ». C’est une séparation. Quelle vie absurde, écrire « des histoires ».

Dehors il se passe tant de choses, le « peuple » élit un homme qui popularise pour de bon, les rend « modernes », comme dit le Figaro, les idées contre lesquelles on s’est battus sous le nom de « lutte anti fasciste ».
Et ce que je trouve fascinant c’est cette hypnose que je relève tout autour de moi. On commente, on relève, on récite tout ce qu’IL va faire, avec effroi, on se rapproche les uns des autres, on se met en position d’attente devant les mesures, les lois, les actes, qui ne manqueront pas de tomber, très vite. On s’est cachés, mais il arrive, et voilà, il est là.
Puis, c’est tout.
Encore une fois, le fait d’être consternés, effarés,ne débouche pas sur la suite logique qui serait: comment s’organiser ensemble pour lui mettre un bon coup de boule (au propre au figuré, chacun choisit).
Etrange hypnose qui permet à ce type et d’autres, depuis des siècles, d’avancer sur nous.
Comme c’était écrit sur les murs de la Sorbonne en 1968 (arghhhh, 1968!!!):
Le Monde sommeille par imprudence
à bientôt
lola

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