Il ya un sale air de guerre en France, oui, des mots qui planent, sûrs d’eux dans leur putréfaction toute droite.
des idées qui vont qui vont qui remontent de loin qui s’imprègnent dans la tiédeur de tout ce qu’on a laissé faire
je suis dans un square l’autre après midi, avec celui avec qui j’aime bien être dans les squares.
A côté de nous un homme aux chaussures de daim noir un peu montantes, sans poussière, il a les cheveux en arrière.
En face, deux femmes touristes mangent un sandwich.
Un type rentre dans le square il ne titube pas il cherche à peine regarde les bancs et va évidemment vers les deux femmes qui ont le mauvais goût d’etre là sans hommes.
Il a la tête en avant du corps et se penche vers elles comme s’il voulait enfoncer une porte. je vois le corps de ces femmes reculer le plus possible plaquer le dos au banc, il menace, moi je suis assise sur le bord du banc, il faut se lever vite.
Mais l’homme en colère vide s’en va, repu de la petite peur qu’il a provoqué.
Les deux femmes recommencent à manger leur sandwich, sur le visage de l’une, il reste un petit sourire d’habitude lasse. La peur « normale » d’un corps de femme qui recule devant un corps d’homme qui s’en charge.
Sur le banc d’à côté l’homme aux chaussures de daim:
» sale arabe, c’est un sale arabe. Ah, Hitler il s’est trompé de cible, fallait pas s’arrêter là »
Je lui demande de se taire
ta gueule avec tes conneries raciste vas-y je veux pas entendre ça
L’homme s’est levé bien sûr, et il vient me faire face il avance sa tête vers mon front : »QUOI????' » il attend le silence
Puis c’est l’homme avec qui j’aime bien aller dans des squares qui le regarde et lui dit « quoi , QUOI???? » et alors je me met debout parce que je préfère prendre un coup de boule debout c’est mieux qu’assise.
Il a une chemise repassée et il est raciste comme on dit à 7 ans, en hurlant dans la cour, et ben moi, ma maison est PLUS grande, et voilà , il dit qu’il est raciste, voilà, oui, parfaitement mademoiselle et fier de l’être il vote le pen il m’explique les arabes dans les commissariat, hein, y’a pas beaucoup de dupont en prison, hein, je pense aux flics, leur rictus de haine, les jambes écartées la main sur la tonfa.
Je suis en train de défendre un minable agresseur de square qui éructe son angoisse des cuisses des femmes en leur crachant aux yeux, je le défend face à un Gaulois qui s’entretient dans les squares avec Hitler.
Le Gaulois dit qu’on a des têtes de gauchistes c’est mon treillis mes nattes embrouillées ou les cheveux longs de celui qui vient dans les squares avec moi en Mai.
Alors on s’en va parce qu’on va le laisser là avec Hitler, avec tout ce programme inachevé de ce qu’il aurait fallu faire en plus, encore en plus, les juifs et les arabes et les gauchistes et les pédés les roms les communistes les roumains les gouines et les anarchistes et peut-être même les filles qui n’ont pas d’enfants et les hommes très très caressants
Les mots se libèrent un peu en France depuis 2002, j’entends un peu plus fort qu’on n’a plus peur de rien, on dit on dégueule tout haut ce qui pourrit tout bas
Sarkozy poliment a demandé à la Police Française depuis Février d’aller LES chercher partout où ILS se trouvent , les pas très français: dans les hopitaux s’il le faut dans les écoles dans les rues les immeubles les cafés des « quartiers ».
L’Etat Français et ses exécuteurs testamentaires font le nécessaire de leur poigne de fer
Tout se passe bien tout se passe bien
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